Coronavirus : comparaison de l’épidémie dans 5 pays

J’entends et je lis beaucoup de choses à propos de l’épidémie, les gens croient, les gens doutent, les gens partagent… Avec mon esprit résolument scientifique, j’ai voulu vérifier par moi-même. La seule chose que je ne sois pas en mesure de vérifier, ce sont les chiffres annoncés, donc j’ai choisi une source réputée fiable, j’ai compilé leurs données, et j’ai décidé de leur faire confiance.

Les chiffres qui sont analysés dans cet article sont publiés quotidiennement par l’Université Johns Hopkins de Baltimore. Ils représentent l’évolution de l’épidémie du 22.01.20 au 28.03.20, en France, Italie, Espagne, Corée du Sud, et Chine.

Pourquoi ce choix de pays ?

La France bien entendu parce que c’est le pays qui me concerne le plus.

L‘Italie et l’Espagne pour nous donner un aperçu de l’évolution de l’épidémie dans des pays proches qui ont été touchés un peu avant nous, et ont mis en place des mesures très similaires aux nôtres.

La Chine car c’est la source de l’épidémie, et donc le pays qui a connu la plus longue crise sanitaire. Je compare également séparément les chiffres concernant la seule province du Hubeï, car vous le verrez, ils donnent un point de comparaison fiable et un bon éclairage sur ce qui peut être fait à l’échelle d’un pays.

Et enfin, la Corée du Sud, car elle a adopté une stratégie radicalement différente. Là-bas, pas de confinement généralisé. La population est extrêmement surveillée : prises de température dans les espaces publics, caméras à infrarouge, dépistage de masse, détection, pistage et publication systématique des déplacements des personnes testées positives au virus, désinfection des lieux contaminés ou à risque… D’autres rares pays l’ont fait, mais pour plus de clarté, j’ai choisi de me limiter à la Corée du Sud.

L’évolution du nombre de décès du 22.01.20 au 29.03.20

Comme vous pouvez le voir sur ce graphique, les situations sont très différentes. L’Italie et l’Espagne ne parviennent pas à maîtriser l’épidémie. Non seulement le nombre de décès augmente, mais en plus cette augmentation s’accentue de jour en jour.

La Chine a clairement réussi à controler l’épidémie, puisqu’un mois après le début de son confinement, le nombre de décès s’est stabilisé. On remarque également que la courbe de la Province du Hubeï représente à elle seule quasiment toute l’épidémie chinoise. Cela signifie que le confinement a réussi à éviter la propagation à l’ensemble du pays, ce qui, c’est certain a beaucoup facilité la gestion de la crise. La province du Hubeï représente environ 60 millions d’habitants, comme l’Italie, alors que la Chine en compte près de 1,4 milliards!

La Corée du Sud a totalement maîtrisé l’épidémie, sans bloquer son économie : à ce jour seulement 144 morts, 40 fois moins que l’Espagne, pour une population sensiblement équivalente, et une épidémie qui dure depuis bien plus longtemps.

Une comparaison plus juste de la situation : le taux de décès

Si la comparaison du nombre de cas détectés n’a aucun sens, la comparaison du nombre de décès par pays est également trompeuse. A regarder le premier graphique, on a l’impression que seule la méthode coréenne est réellement efficace. Or, il est injuste de comparer le nombre de décès entre un pays de 1,4 milliards d’habitants, qui n’a de plus pas eu d’exemple avant lui pour se préparer, et un pays de 60 millions d’habitants qui savait un peu mieux à quoi s’attendre. En ramenant le nombre de décès à la population de chaque pays, au 28.03.20, la Chine ne compte que 2,38 morts par million d’habitants, la Corée du Sud 2,8, la France 34,54, l’Espagne 128,2, et l’Italie 165,72!

Cependant, comme nous allons le voir au point suivant, la comparaison est toujours faussée.

Une comparaison sans décalage dans le temps

 

Un dernier élément fausse la comparaison : les épidémies sont décalées dans le temps. La Chine a été touchée bien avant la France par exemple. Pour faciliter la comparaison, j’ai donc choisi de créer un graphique présentant des courbes recalées dans le temps, comme si l’épidémie avait touché tous ces pays au même moment. A noter que la province du Hubeï n’apparaît plus sur ce graphique, car les chiffres dont je dispose ne couvrent pas l’épidémie assez tôt pour qu’elle intègre la comparaison de façon équitable.

La méthode que j’ai choisie, et qui est évidemment imparfaite comme toute statistique, est de démarrer la courbe de chaque pays au jour où le taux de décès a atteint les 0,2 pour 1 million. J’ai choisi le taux de décès, et non pas le nombre de décès pour les raisons évoquées plus haut.

A la lumière de ce nouveau graphique, il en ressort bien plus nettement ce qui se détachait déjà dans le graphique précédent : si l’Italie semble être aujourd’hui le pays le plus dépassé par l’épidémie, l’Espagne est en réalité dans une situation bien pire, avec une épidémie qui progresse beaucoup plus rapidement. Les chiffres au bout de 3 semaines d’épidémie dans chaque pays étaient de 1,57 décès par million d’habitants pour la Corée du Sud, 1,76 pour la Chine, 34,54 pour la France, 41,39 pour l’Italie, et 110,12 pour l’Espagne.

Les jours prochains seront décisifs pour la France : nous allons voir si les mesures de confinements prises il y a une dizaine de jours ont eu les effets escomptés et ont permis de limiter l’accélération de l’épidémie ou pas. En effet, toute mesure prise n’a pas une influence immédiate en raison de la période d’incubation du virus : les décès constatés aujourd’hui sont le résultat d’une contamination qui a eu lieu il y a plusieurs semaines. Pour l’instant, nous semblons prendre le même chemin que l’Italie malheureusement.

Les différentes méthodes et leurs effets

Force est de constater que les méthodes utilisées dans ces 3 pays européens fonctionnent pour l’instant très mal en comparaison des méthodes asiatiques.

La Chine nous montre un exemple de confinement où l’épidémie a réellement été confinée à un territoire restreint, et n’a pas atteint le reste du pays. Cette méthode a eu un triple effet positif : limiter le nombre de cas, limiter la saturation des hôpitaux et donc les morts liés à une priorisation des malades, et enfin permettre de concentrer les efforts de tout un pays sur une zone géographique et une population restreintes. Les pays européens ont laissé la maladie atteindre l’ensemble du territoire et se retrouvent aujourd’hui saturés de cas graves, ce qui ne permet pas de les traiter correctement.

La Corée du Sud a également réussi sa gestion de crise sanitaire par le ciblage du confinement. Effectivement, confiner 65 millions de français, dont s’il le faut les 3/4 ne sont pas contaminés, est inutile. La seule raison de confiner tout le monde, c’est que nous n’avons pas mis en oeuvre les moyens nous permettant de localiser les personnes contaminées. Nous affrontons donc un ennemi invisible en le combattant partout où il n’est pas, au lieu de rendre l’ennemi visible pour l’éliminer là où il se cache.

Avions-nous le choix ?

Peut-on pour autant souscrire aux théories complotistes qui avancent que l’épidémie est maintenue car elle arrange certaines personnes, particulièrement les laboratoires pharmaceutiques ? Je n’en suis pas arrivé à cette conclusion pour ma part.

S’il est vrai que les décisions prises pendant la gestion de cette crise sanitaire ne permettent pas de la maintenir sous contrôle, je vois au moins 3 arguments qui peuvent en expliquer une partie.

Tout d’abord, les moyens dont on dispose.
Le nombre de lits a considérablement baissé ces dernières années, et au début de l’épidémie, la France ne comptait que 5000 lits en réanimation sur tout le territoire, l’objectif étant d’atteindre rapidement les 14500 lits. Quant au nombre de respirateurs, on ne le connait pas. Tout juste sait-on que 1000 respirateurs ont été commandés à la société française Air Liquide, et qu’ils seront visiblement produits au mieux d’ici fin Avril.
Les masques, nécessaires pour ralentir la propagation du virus quoi qu’on puisse entendre à ce sujet, étaient en quantité insuffisante. Le stock de masques qui était de 1 milliard il y a une dizaine d’années n’était plus que de moins d’une centaine de millions au début de l’épidémie…soit de quoi tenir une semaine seulement. Il n’a pas été renouvelé pour des raisons budgétaires.
Le personnel de santé, sans qui tout le matériel du monde serait parfaitement inutile, travaillait déjà dans des conditions de sous-effectif permanent. Les contaminations inévitables par le coronavirus, ainsi que la surcharge de travail ne peuvent qu’aggraver la situation. Et s’il faut 2 mois pour fabriquer 1000 respirateurs, la formation d’infirmiers et de médecins, elle, n’est pas envisageable dans l’urgence.
Est-il déraisonnable de penser que si les conditions réunies n’étaient pas propices aux soins des malades, le dépistage de masse était également impossible pour des questions de moyens?

Ensuite, le comportement de la population. Il est clair qu’encore aujourd’hui, beaucoup de personnes refusent le confinement. Pourtant, les morts sont là : 2314 au 28.03.20, on le sait, on en parle. L’arrêt du pays aurait-il été accepté par la population 2 ou 3 semaines plus tôt, alors que l’épidémie semblait lointaine? Je ne le pense pas. Les mesures qui sont aujourd’hui prises en situation d’urgence auraient-elles été possibles de manière préventive? Il n’y a qu’à voir les événements improbables qui se sont déroulés en France alors que l’épidémie avait déjà commencé.
Du 24.02.20 au 27.02.20, un rassemblement évangélique de 2500 personnes venues de toute la France, à Mulhouse, qui aurait contaminé pratiquement tous les participants et disséminé le virus dans tout le pays.
Le 29.02.20, un rassemblement de 120000 personnes à Perpignan, dont beaucoup d’espagnols, alors qu’il y avait déjà 100 cas testés positifs en France et 45 en Espagne.
Le 07.03.20, un rassemblement de 3549 personnes déguisées en Schtroumpfs, à Landerneau, en Bretagne,  alors qu’il y avait déjà 949 cas testés positifs et 11 morts dans notre pays.
Le 15.03.20, le vote de 20,5 millions d’électeurs, alors qu’il y avait déjà 5423 cas testés positifs et 127 morts autour de nous (cf. Coronavirus : je n’irai pas voter).

Et enfin, la volonté d’éviter la panique, qui peut aussi causer des dégâts. De nombreux mensonges ont été proférés. La situation a été maintes fois minimisée, parfois pour de mauvaises raisons (cf. Coronavirus : la santé après la politique), et cela a eu des conséquences (cf. Coronavirus : la santé après la politique (suite)). Il y a tout de même une raison qui peut être comprise : le président, suivi par 35 millions de personnes, annonçant en direct que la France n’a pas anticipé l’épidémie, n’a pas les moyens de lutter, va devoir sacrifier son économie pour éviter l’hécatombe, sans pour autant sauver autant de vies que ce qui aurait été possible, risque de se retrouver avec un approvisionnement limité dans les magasins, n’aura pas les moyens de compenser les pertes pour la population…il y a de quoi créer un vent de panique dans le pays.

Dans ces conditions, comment lutter contre cette épidémie? Alors certes la responsabilité en revient aux politiques de santé publique qui ont été menées depuis des décennies, mais le temps de la recherche des responsables n’est pas encore arrivé. Pour le moment, il faut faire au mieux avec les moyens limités dont nous disposons, nous n’avons pas le choix. Il est illusoire de penser que nous pourrons échapper à l’épidémie. Un seul cas peut contaminer des centaines de personnes avant d’être détecté, et aucune frontière n’a jamais été “imperméable”. Le seul but de toutes les mesures prises est de laisser le nombre de cas atteindre la saturation des hôpitaux sans (trop) la dépasser. Aujourd’hui, nous en sommes à 85% d’occupation des lits en réanimation, nous allons vers les 4500 patients. Les objectifs de 14500 lits nous donnent une idée de ce qui est à venir : un triplement prévu des cas (et donc des décès, si aucun traitement n’est trouvé) pour atteindre les 900 morts par jour…comme l’Italie aujourd’hui. La contamination de masse fera le reste en protégeant la population. Pendant combien de temps ? Nous ne le savons pas. A quel prix ? Bien trop cher, dans tous les domaines…

Coronavirus : la santé après la politique (suite)

Hier, lundi 16.03.2020, le président a fait une allocution de près de 25 minutes afin de détailler, entre autres, les nouvelles mesures barrières suggérées à la population. Je voudrais revenir ici sur un aspect de cette intervention : le moment où ces nouvelles mesures ont été annoncées.

Ces annonces ont eu lieu au lendemain des élections, et seulement deux jours après l’annonce des mesures précédentes par le premier ministre. La proximité des élections semble être le point le plus embarrassant pour le président, qui commence d’ailleurs son discours par longuement louer la tenue des élections, en félicitant pèle-mêle les candidats, les organisateurs et les électeurs, et en montrant son immense satisfaction devant le fait que 30000 communes ait un conseil municipal élu pour les 6 prochaines années avec, pour beaucoup, moins de 25% des inscrits…effectivement, une belle réussite démocratique! Cette auto-congratulation n’est pas surprenante quand on sait que les mesures qu’il s’apprête à annoncer, et qui auraient dû être prises la semaine passée (cf. Coronavirus : la santé après la politique), sont totalement contradictoires avec la tenue des élections (cf. Coronavirus : je n’irai pas voter).

Evolution de l'augmentation des cas de Coronavirus entre le 09.03 et le 16.03 en France
Evolution de l'augmentation des cas de Coronavirus entre le 09.03 et le 16.03, en France

Alors comment va-t-il justifier le fait que, seulement deux jours après les précédentes annonces, il en fasse de nouvelles? L’épidémie ne s’est pas accélérée (cf. graphique ci-dessus), aucun fait nouveau n’est venu provoquer ces annonces, rien d’inattendu. L’explication ne va pas tarder : le laïus sur les 20 millions de bons et loyaux citoyens s’étant rendu aux urnes dans une parfaite sécurité sanitaire – car le virus est également républicain, d’où son apparition en Chine – prend alors tout son sens. Ce sont “les autres” qui ont propagé le virus de façon irresponsable, ceux qui sont sorti prendre l’air au lieu d’aller voter. Il était clairement impossible de justifier ces nouvelles mesures par le non respect du confinement, sans justifier au préalable l’autre rassemblement, celui des élections, une main sur le cœur, et des trémolos dans la voix.

Les nouvelles mesures n’ont donc pas été annoncées parce que les élections étaient passées, mais parce que les précédentes restrictions n’étaient pas respectées par la population, la morale est sauve. Quand au second tour…il est évidemment reporté, l’irresponsabilité ayant tout de même encore ses limites. Le report était de toute façon inévitable, puisque la progression de l’épidémie est plus ou moins prévisible en regardant la situation d’autres pays. Je reste persuadé que le report du second tour était très probablement décidé depuis la semaine dernière, malgré la parodie de consultation qui a eu lieu hier.

Tout notre engagement, toute notre énergie, toute notre force, doivent se concentrer sur un seul objectif : ralentir la progression du virus.
Emmanuel Macron
Emmanuel Macron
Président de la République

Après cette justification on ne peut plus efficace, le président a donc fait la morale à tous ces français irresponsables qui sont sortis de chez eux : “Tout notre engagement, toute notre énergie, toute notre force, doivent se concentrer sur un seul objectif : ralentir la progression du virus.” Et il a parfaitement raison sur ce point. Si je ne chercherai pas à excuser les attitudes qu’il condamne, c’est parce que je les condamne aussi. Mais il a manqué à son devoir d’exemplarité en appelant au vote. Pour tous ceux qui n’auraient pas encore saisi la gravité de la situation, il a envoyé un message totalement flou, qui était de dire qu’il fallait se confiner, tout en assurant qu’il était possible de sortir de chez soi et de se rendre dans des lieux publics fréquentés sans aucun risque. De même qu’aucune mairie ne peut dire que toute son énergie était concentrée sur cet objectif : le seul objectif était la campagne municipale, j’en ai été personnellement le témoin. D’ailleurs, les mêmes personnes qui publiaient samedi des messages alarmants pour pousser les gens à aller voter, publient aujourd’hui des messages tout aussi alarmants pour les supplier de rester confinés chez eux.

La suite de son discours va malheureusement continuer à entretenir le flou, mais c’est un autre sujet, que j’aborderai dans un prochain article…

Coronavirus : la santé après la politique

Le stade 3 de l’épidémie a démarré samedi 14.03.2020 au soir, à la veille des élections municipales. Ce passage au stade 3 n’a même pas été évoqué par le premier ministre Edouard Philippe durant son discours, mais confirmé par le directeur général de la Santé Jérôme Salomon au détour d’une question, comme un lapsus. Cependant, est-ce vraiment à ce moment-là que le passage au stade 3 s’est fait? Essayons de revoir un peu plus en détail le déroulement des événements.

Tout d’abord rappelons trois mesures importantes constituant le stade 3, tel que le décrit le Plan national de prévention et de lutte “Pandémie grippale” publié en Octobre 2011 suite à l’épidémie de grippe A (H1N1) de 2019.

La première mesure est la fermeture des établissements scolaires. Dès le mardi 10.03.2020, les outils et consignes concernant l’école à la maison pour les élèves, et l’enseignement  à distance pour les enseignants, étaient prêts et ont été publiés, sans aucune consigne. Des logiciels du CNED (centre national d’éducation à distance) ont également été déployés à la même date à destination des enseignants de l’éducation nationale pour faciliter ce travail à distance. Il est à noter que cette mesure peut également être activée au stade 2.

La seconde mesure est l’arrêt de la surveillance individuelle des cas par l’institut de veille sanitaire. En d’autres termes, on ne dépiste plus que les malades hospitalisés, et donc, seuls les patients à risques sont connus. Il y a donc bien plus de cas infectés que ce que disent les chiffres officiels. Un enregistrement rendu public par la journaliste Eva Morletto sur le site d’information Le Monde Moderne rapporterait le témoignage d’un médecin d’un hôpital parisien indiquant “On ne dépiste plus personne hormis les gens hospitalisés […] Il y a d’autres villes qui dépistent, mais en tout cas à Paris c’est depuis 7 jours”. La journaliste a publié cet enregistrement le 13.03.2020 et indique l’avoir reçu par email la veille. On peut donc situer les restrictions sur les dépistages à Paris au 5.03.2020.

La troisième mesure, enfin, est l’apparition de priorités de traitement. Notre système de santé n’étant plus en mesure d’absorber l’afflux de malades, des choix sont donc faits de traiter certains patients et pas d’autres. Des patients hospitalisés sont déplacés vers d’autres établissements ou renvoyés à domicile. Les interventions planifiées les moins urgentes sont annulées ou reportées. J’ai été personnellement témoin de ces deux derniers cas dans mon entourage dès lundi 9.03.2020.

Il semblerait que ce stade 3 ait été décidé par les autorités probablement aux alentours du 8.03.2020 et soit entré en vigueur sur le plan national, partiellement et de façon non officielle, dès lundi 9.03.2020.

Alors pourquoi, si le stade 3 a été décidé il y a une semaine, n’en a-t-on entendu parler qu’hier? On ne peut qu’essayer d’imaginer, mais la proximité entre cette annonce et les élections municipales est extrêmement troublante. Les autorités, dans leur volonté inébranlable de maintenir ces élections, semblent l’avoir fait au mépris de la situation sanitaire, et en manipulant les chiffres pour camoufler la réalité du terrain à la population.

Mais alors, pourquoi avoir fait l’annonce du passage au stade 3 la veille des élections? Pourquoi pas plus tôt, à la date réelle de sa mise en oeuvre par exemple? Ma théorie sur le sujet est que l’officialisation du passage au stade 3 est totalement incompatible avec la tenue des élections. Les mesures barrières prévues incluent la “restriction des grands rassemblements et des activités collectives”, ainsi que la “sensibilisation sur la nécessité […] de limiter les déplacements”. Comment justifier dans ce cas là le maintien d’un appel au déplacement de 45 millions de personnes qui doivent se rendre dans des écoles qu’on vient de fermer pour justement éviter le rassemblent d’à peine plus de 12 millions d’élèves. Le fait d’officialiser le passage au stade 3 le plus tardivement possible a fortement limité le débat sur la tenue des élections qui était de toute façon décidée de manière unilatérale par les partis politiques pour des raisons n’ayant rien à voir avec l’urgence sanitaire.

Mais, me direz-vous, pourquoi dans ce cas ne pas avoir attendu après les élections pour officialiser le stade 3? Et bien je pense que les deux raisons principales sont l’urgence réelle de la situation, qui méritait ce passage au stade 3 bien avant, et le fait qu’un passage au stade 3 au soir des élections aurait été plus que suspect et injustifiable sur un plan moral.

Le bilan de la gestion de crise est au final désastreux à mon sens. Toutes les étapes de lutte contre l’épidémie ont été décalées dans le temps, tout d’abord pour des motifs économiques, puis pour des motifs politiques. On a estimé la valeur de milliers de vies humaines pour chercher un compromis entre les pertes humaines, les pertes économiques, et les conséquences politiques. Le maintien de ces élections coûte que coûte aura été responsable de morts pour au moins trois raisons :

  • les inévitables contaminations liées aux déplacements pour aller voter et au rassemblement des personnes dans les bureaux de vote, et la propagation qui s’en suivra au sein du reste de la population et des services de santé qui n’avaient pas besoin de ça ;
  • le message flou envoyé à la population en ce qui concerne le confinement : s’il n’y a pas de danger à convoquer 45 millions d’électeurs pour les élections, ce n’est pas un petit anniversaire de 15 personnes qui aura des conséquences ;
  • l’augmentation rapide du nombre de cas qui va saturer les services de santé et entraîner l’impossibilité de soigner tous les patients qui se présenteront dans deux semaines.

Rassurez-vous, les chiffres resteront bons, on ne vous dépistera pas…

Coronavirus : je n’irai pas voter

Le 15.03.2020, je ferai mon devoir de citoyen en n’allant pas voter…pour la première fois!

Le maintien des élections est une aberration sanitaire flagrante, uniquement motivée par des préoccupations politiques, et totalement contraire à toutes les autres consignes données (interdiction des rassemblements, confinement, limitation des déplacements au minimum vital).

La justification, extrêmement tordue, est que “ce n’est pas plus dangereux que d’aller faire ses courses”…sauf que d’aller faire ses courses, c’est dangereux, c’est pour ça qu’on ferme les magasins! Forcément, on doit manger, alors on maintient des commerces ouverts mais ce n’est pas parce que ce n’est pas dangereux, c’est parce que manger n’est pas une option!

Tous ces politiciens qui affirment sans honte qu’on ne peut pas “arrêter la démocratie”…quelle imbécillité. La démocratie peut tout à fait se poursuivre, comme elle le fait depuis 6 ans, avec les équipes en place. On ne parle pas d’annuler les élections, juste de les décaler de quelques mois. Aujourd’hui, l’urgence est de concentrer tous les efforts sur la gestion d’une épidémie sans précédent. Quelle mairie peut dire aujourd’hui que tous ses efforts se portent là-dessus? Aucune! Ils sont tous en campagne, et les campagnes accaparent 100% de leur temps.

Le plus probable est que, même en allant voter, le résultat des élections soit annulé :
– le 2ème tour pourrait ne pas avoir lieu
– la participation risque d’être ridicule, rendant les élections non représentatives
– les fraudes seront facilitées : dans beaucoup de bureaux, il n’y aura qu’un président et un assesseur parce que les autres se sont désisté. Pour peu qu’ils soient d’accord, ils pourront remplir les urnes avec les bulletins qu’ils souhaitent, sans contrôle
– des recours administratifs pourraient avoir lieu, parce que ces élections sont un déni de démocratie : on a demandé à une partie des électeurs de rester confinés chez eux, ce qui revient pratiquement à leur retirer le droit de vote

Et enfin, détail ou pas, les électeurs devront se laver les mains à l’entrée et à la sortie des bureaux de vote…avec quoi? Avec le gel hydroalcoolique qui est en rupture depuis des semaines, mais qui a été fourni à tous les bureaux de vote par la préfecture. Comment peut-on consacrer des ressources comme celles-là, dont on a un stock limité, aux élections? On n’en aurait pas plus besoin dans les hôpitaux…ou même dans les supermarchés pour la population?

Vraiment, cette décision de maintien est parfaitement et tristement compréhensible, mais les raisons en sont si basses qu’on reste incrédule face à une telle stupidité…
On ne peut pas prendre des mesures qui vont nous coûter des dizaines de milliards d’euros et en même temps les saboter par des décisions égocentriques et irresponsables.

Le message envoyé est clair, limpide : pour lutter contre le coronavirus, nous sommes prêts à tout, nous n’hésiterons pas à sacrifier des emplois et des entreprises…mais pas les nôtres par contre.

MonHumeur.com : mon blog à moi !

Bienvenue sur mon blog! Je dis “mon” blog, parce que c’est dans le titre, je vais y raconter ce qui me passe par la tête, plus pour l’écrire que pour être lu. L’idée de ce blog m’est venue il y a 3 ans déjà, j’ai souvent eu des choses à y écrire, et je ne l’ai jamais fait. Aujourd’hui, en pleine épidémie de coronavirus, j’ai eu tellement de choses à dire tout en étant confiné chez moi, que j’ai pensé que le moment était venu.

Bien évidemment, étant un blog d’opinions, ne cherchez pas ici de travail journalistique, ni d’articles scientifiques, je ne ferai qu’y exposer mes théories, mes idées, mes envies : mon humeur, au moment où j’écris. D’où le titre…vous avouerez que c’est bien pensé!

Donc, cher lecteur, ne nous attardons pas plus ici, où je n’ai clairement rien à raconter, et passons aux choses sérieuses, avec mon premier article, consacré aux élections municipales, qui ont lieu aujourd’hui même, 15.03.2020.

Bien à vous,
Vincent